Les acteurs de l'industrie de l'habillement se réunissent pour partager les derniers développements sur les questions de travail en Jordanie.
Amman - Un nouveau système de paiement électronique pour les travailleurs, le soutien aux problèmes de santé mentale et la création d'emplois pour les réfugiés syriens figurent parmi les sujets abordés lors d'une récente réunion de haut niveau sur l'industrie jordanienne de l'habillement. Le10e forum annuel des parties prenantes de Better Work Jordan, qui s'est tenu les 1er et 2 août, a rassemblé des acteurs clés de l'industrie, ainsi que des représentants de l'UE et du gouvernement américain, afin d'examiner les récents développements dans le secteur et d'étudier les options pour les priorités politiques futures.
S'adressant à la réunion, le ministre jordanien du travail, Sameer Murad, a exposé la stratégie du gouvernement visant à promouvoir les possibilités d'emploi dans le pays. "Ce n'est qu'en renforçant nos ressources humaines que nous pourrons consolider notre classe moyenne, faire croître notre économie et lutter contre le chômage", a-t-il déclaré.
Des représentants de la Banque centrale de Jordanie (CBJ) ont présenté leur modèle de paiement électronique, lancé pour aider les travailleurs à mieux recevoir et contrôler leurs salaires. Le système promet de révolutionner le processus de diffusion des salaires et d'éliminer les dépenses associées. "Travailler avec des prestataires de services de paiement permettra aux migrants d'accéder aux services financiers et au système financier formel par le biais de portefeuilles numériques", a déclaré Amr Almusa, de la Banque centrale, lors de la réunion.
Le forum de cette année a également porté une attention particulière au bien-être des travailleurs, en abordant la nécessité d'introduire une sensibilisation et un soutien viables à la santé mentale dans l'industrie. Reconnaissant l'écart existant entre le diagnostic et l'extension des services de santé mentale aux travailleurs, Zainab Yang, chef d'équipe chez Better Work Jordan, a partagé un plan d'action visant à recenser les partenaires potentiels ayant des connaissances sur ces questions. "Le partenariat avec des ONG nationales et internationales ayant une expertise en matière de santé mentale et de soutien psychologique sera crucial pour accroître la sensibilisation et la connaissance de ce sujet dans le secteur.
Sur la question des réfugiés syriens, l'Organisation internationale du travail (OIT) a exposé à la réunion son approche globale et son intervention ciblée pour promouvoir leur emploi, à travers une présentation faite par Maha Kattaa, coordinatrice de l'OIT pour la réponse à la crise des réfugiés syriens.
L'OIT préconise également d'exclure les Syriens du système de quotas. Le quota actuel dans le secteur de l'habillement prévoit 70 % de travailleurs migrants pour 30 % de Jordaniens, ce qui limite les possibilités d'emploi des réfugiés syriens.
Les délégués ont également entendu l'histoire personnelle de Natasha Dahy, une migrante qui a décrit son parcours d'ouvrière d'usine à coordinatrice au centre polyvalent de l'OIT pour les travailleurs à Irbid : "Avant d'aller au centre pour les travailleurs, j'avais le mal du pays. Au centre, j'ai trouvé une communauté. Tous les travailleurs ont trouvé un endroit où rire et s'amuser". Le centre propose des installations récréatives, un accès à des services de conseil et d'assistance juridique, ainsi que des services complémentaires d'aide à l'emploi, dans le but de remonter le moral des travailleurs et de renforcer leurs compétences.
Les discussions sur l'égalité entre hommes et femmes sur le lieu de travail et sur les moyens de promouvoir les femmes à des postes de direction, conformément à la stratégie de Better Work Jordan et dans le cadre de l'initiative du centenaire de l'OIT "Les femmes au travail", ont occupé le devant de la scène lors du forum. Partageant sa propre histoire, Taghreed Hamadeen, mère de famille de 28 ans, a exprimé sa gratitude envers ses employeurs pour le soutien qu'ils lui ont apporté dans ses efforts pour poursuivre sa carrière. Hamadeen travaille actuellement comme responsable des opérations dans une usine de confection ; une réussite qui, elle l'espère, inspirera d'autres femmes. "J'ai été soutenue par mon travail et par mon mari. Il y a beaucoup d'exemples de réussite dans l'industrie de l'habillement ; plus vous travaillez dur, plus vous trouverez le succès.
L'influence des accords commerciaux internationaux sur la promotion d'une croissance inclusive et la garantie de conditions de travail décentes pour les travailleurs, conformément à l'objectif de développement durable (ODD) n° 8 des Nations unies, a été soulignée par Jim Barnhart, chef de mission adjoint par intérim des États-Unis en Jordanie, en référence au rôle clé de l'accord de libre-échange entre les États-Unis (US) et la Jordanie.
Les participants à la réunion ont appris que le partenariat de l'UE avec Better Work Jordan s'appuiera sur les leçons tirées de l'impact de l'accord UE-Jordanie sur l'assouplissement des règles d'origine pour le secteur de l'habillement afin d'élaborer une approche pour le secteur industriel au sens large. Cette initiative s'inscrit dans la stratégie globale de l'UE, comme l'a expliqué Olfa Alouini, chef de la section commerciale et économique de l'UE : "Par le biais de l'aide au développement (de l'UE), nous travaillons avec le gouvernement et le secteur privé pour encourager la création d'emplois décents pour toutes les personnes vivant en Jordanie".
Également tourné vers l'avenir, Fathalla Al-Omarani, président du syndicat du textile, de l'habillement et des vêtements, a souligné l'importance de développer des partenariats stratégiques, appelant les principaux acteurs de l'industrie à "formuler des partenariats efficaces qui garantissent que toutes les normes de conformité sont respectées", et affirmant que "de meilleures conditions de travail augmentent les bénéfices dans les usines de vêtements".