Contribuer à remédier au déséquilibre entre les hommes et les femmes dans les postes de direction des usines de confection
DHAKA, Bangladesh - Que signifie l'égalité des sexes sur le lieu de travail ? Pas seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes ? Mohammed Faruk a plusieurs femmes superviseurs dans son usine, et cette question lui est donc familière.
Les femmes superviseurs, a-t-il dit, ont le même niveau de compétences que les hommes superviseurs et, d'après son expérience, leur influence peut améliorer la culture du lieu de travail, tant pour les femmes que pour les hommes.
"Cela fait une énorme différence au niveau de la production", explique Faruk, opérateur chez That's It Sports Wear Ltd. à Savar, dans la banlieue de Dhaka.
Les "petites choses importantes" qui, selon Faruk, l'ont transformé en promoteur passionné de l'émancipation des femmes sont ses deux filles, qui l'ont amené à repenser la façon dont le monde perçoit les femmes et les hommes différemment.
"Le plus gros problème est notre identité en tant que femmes et hommes", dit-il, "car elle nous empêche d'être vraiment humains".
Samsun Nahar est inspectrice de la qualité chez That's It Sports Wear Ltd. Elle souhaite devenir un jour contrôleur de qualité. Elle se dit chanceuse de travailler dans une usine qui valorise les compétences plutôt que le sexe.
"Nous [les travailleuses] allons dans le même atelier de production, avons les mêmes collègues et poursuivons le même objectif de production, mais un manque de confiance nous empêche de saisir de nouvelles opportunités et d'obtenir davantage de ce que nous voulons vraiment", déclare Nahar.
Amena Khatun, une ouvrière de la même usine, met en lumière une autre raison pour laquelle les usines de vêtements devraient avoir plus de femmes superviseurs dans leurs ateliers de production.
"Il est bon d'avoir des superviseurs féminins car la plupart des travailleurs sont des femmes. Il y a beaucoup de choses que nous ne partagerons pas avec un superviseur masculin", a déclaré Khatun.
Au cours des quatre dernières décennies, l'industrie de l'habillement du Bangladesh a fait travailler plus de femmes que n'importe quel autre secteur. Cela dit, les femmes occupant des postes de direction restent rares. L'égalité des sexes et la liberté pour les femmes de s'épanouir sur le lieu de travail sans subir de discrimination restent des questions sociales essentielles non résolues dans le secteur primaire, moteur de l'économie du pays.
Better Work Bangladesh s'efforce de résoudre ce problème par des initiatives de renforcement des capacités visant à faciliter l'accès des femmes à des postes de supervision et à réduire les déséquilibres entre les hommes et les femmes au niveau de la direction des usines de confection.
En cette journée internationale de la femme, Better Work Bangladesh célèbre six années soutenues de l'initiative GEAR (Gender Equality and Returns), conçue pour aider les travailleuses à renforcer leurs compétences et leurs capacités de leadership afin de gravir les échelons de la carrière.
Piloté en 2016 en tant qu'initiative spéciale de Better Work Bangladesh, le programme a fait d'énormes progrès au cours de sa phase pilote et est entré dans sa deuxième phase d'intervention en 2019.
Au fil des ans, 512 ouvrières ont été formées, dont 302 occupent aujourd'hui des postes de supervision. GEAR a été un succès pour ces usines qui ont vu l'efficacité de la production augmenter de 5 % dans les lignes supervisées par les stagiaires GEAR. Les femmes superviseurs promues par GEAR ont bénéficié - en moyenne - d'une augmentation de salaire de 39 %. Aujourd'hui, les diplômées de GEAR sont des modèles pour d'innombrables femmes, démontrant aux travailleurs et à l'industrie le potentiel illimité des femmes en matière de progression de carrière et d'augmentation de la productivité des usines.
À mesure que GEAR et d'autres programmes s'implantent dans le secteur de l'habillement au Bangladesh, l'avenir pourrait offrir la vision d'une classe dirigeante plus féminine - le type d'avenir dont non seulement Mohammed Faruk, mais aussi ses filles, peuvent être fiers.