Les femmes représentent la majorité des travailleurs du secteur de l'habillement dans le monde, mais elles continuent à assumer une part disproportionnée du travail non rémunéré au sein du foyer, y compris les soins et les dépenses non rémunérés pour les enfants et les autres personnes à charge. Cette "double charge" de travail rémunéré et non rémunéré peut être aggravée par un nombre excessif d'heures supplémentaires, de bas salaires et de harcèlement sur le lieu de travail, entre autres violations des droits du travail, ce qui a des conséquences négatives importantes sur la qualité de la vie et le bien-être.
En 2018, Better Factories Cambodia (BFC), un programme conjoint OIT-IFC cherchant à améliorer les conditions de travail et à stimuler la compétitivité de l'industrie de l'habillement, a achevé une étude indépendante évaluant les impacts du programme sur les conditions de travail, le bien-être des travailleurs et la productivité des usines. Cette note s'appuie sur les données recueillies au cours de cette évaluation pour présenter les différences entre les hommes et les femmes en matière de contrats, de formation et de promotions, d'heures supplémentaires, de salaires, de harcèlement et de violence au travail, d'indicateurs de sécurité et de santé au travail, et de satisfaction à l'égard de la vie et de l'emploi. Pour ce faire, il explore les différences entre les femmes et les hommes, ainsi qu'entre différents groupes de femmes, tels que les femmes avec ou sans enfants, et les femmes avec ou sans enfants en bas âge. Il existe des différences marquées dans les expériences des travailleurs masculins et féminins à différents stades du cycle de vie. Les principales conclusions sont les suivantes :
Les femmes moins instruites ayant des enfants ont moins de chances d'avoir un contrat de travail, de recevoir une formation sur les droits des travailleurs et les nouvelles compétences, ou d'être promues. Dans l'ensemble, environ 39 % des travailleurs ont un contrat à court terme de trois mois ou moins et 38 % n'ont reçu aucune formation en cours d'emploi, ce qui souligne la nécessité de renforcer la sécurité de l'emploi et les compétences des travailleurs. Dans l'ensemble, ces résultats suggèrent que pour promouvoir au mieux un lieu de travail inclusif, il convient d'accorder une attention particulière aux besoins des travailleurs ayant un faible niveau d'éducation et assumant des tâches d'aidant familial.
La majorité des travailleurs sont préoccupés par les bas salaires et les heures supplémentaires. Alors que les femmes ont du mal à combiner les demandes d'heures supplémentaires à l'usine avec les pressions domestiques, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de déclarer qu'ils ne peuvent pas refuser de faire des heures supplémentaires de peur d'être licenciés.
Le harcèlement et la violence au travail sont omniprésents et les femmes et les hommes ne les expriment pas de la même manière. En général, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à exprimer leurs préoccupations concernant le harcèlement sexuel. Parmi les femmes, celles qui ont un faible niveau d'éducation et qui ont des enfants en bas âge sont les plus susceptibles de dénoncer le harcèlement sexuel. En outre, moins de 45 % des travailleurs estiment que le système de signalement du harcèlement sexuel dans leur usine est adéquat. Ces résultats suggèrent la nécessité d'accorder la priorité aux formations visant à lutter contre le harcèlement sexuel, d'établir des procédures de signalement des griefs et d'améliorer la voix et la représentation en général.
Les hommes sont plus susceptibles de signaler des problèmes de sécurité et de santé tels que la toux, les irritations et les maux de dos, tandis que les femmes font état d'un bien-être général plus faible. L'amélioration de la sécurité et de la santé au travail, ainsi que de la satisfaction professionnelle et personnelle des travailleurs, en mettant davantage l'accent sur les mesures visant à agir sur leurs déterminants, reste un domaine d'action clé pour l'avenir.