Cette étude évalue l'efficacité des comités de participation (CP) à répondre aux préoccupations des travailleurs dans les usines de confection du Bangladesh.
Une analyse approfondie de deux usines de confection est menée sur la base des données recueillies dans le cadre du programme Better Work de l'OIT-CIF et du projet Garment Supply Chain Governance. En utilisant l'articulation des préoccupations des travailleurs comme point de départ de l'analyse, le concept de "voix des travailleurs" est appliqué pour analyser la fonctionnalité de la CP par rapport aux mécanismes de voix alternatifs/existants sur le lieu de travail. La thèse soutient que les systèmes existants et plus établis au niveau de l'usine, tels que les hiérarchies de leadership informelles parmi les travailleurs et les canaux de griefs alternatifs, peuvent supplanter le rôle de la CP dans la prise en compte des préoccupations des travailleurs.
C'est notamment le cas au Bangladesh où la surveillance réglementaire inadéquate de l'État diminue la légitimité des structures formelles et où la visibilité limitée des syndicats ouvre la voie à d'autres formes de leadership parmi les travailleurs. Outre les cadres juridiques existants, les initiatives et les marques extérieures peuvent également influencer la manière dont les préoccupations des travailleurs sont exprimées, ce qui limite d'autant plus l'engagement des CP sur des sujets plus controversés.
Cette étude apporte trois contributions essentielles : Premièrement, sur la base d'une analyse ancrée localement, elle renforce la recherche existante sur l'influence des réglementations légales, de la gestion et des pratiques d'achat préjudiciables sur la voix des travailleurs dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Deuxièmement, l'étude illustre une façon d'incorporer les perspectives locales pour approfondir la compréhension des mécanismes formels d'expression. Enfin, elle apporte un éclairage empirique sur le fonctionnement des mécanismes d'expression en usine dans le contexte du Bangladesh.