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Rasel Rana (au centre), l’une des représentants des travailleurs récemment élus, avec ses supporters.
Fait inédit dans le pays, les usines textile du Bangladesh doivent organiser des élections libres pour former des comités d’entreprise. Better Work supervise le processus.
En 2015, le Bangladesh a amendé son Code du travail pour mandater des comités mixtes représentant les travailleurs et la direction dans les usines textile. Ce fut l’avancée que Better Work attendait.
«Nous avions toujours souhaité élargir notre implication au Bangladesh, mais nous ne voulions intervenir que si certaines conditions étaient réunies. L’un d’elles était l’exigence légale de représentants des travailleurs librement élus au sein des comités mixtes travailleurs/direction. Nous avons donc plaidé notre cause auprès des pouvoirs publics. En fin de compte, ils ont modifié la loi et nous y a avons vu l’occasion d’agir», raconte Conor Boyle, Directeur des opérations mondiales de Better Work.
Better Work, un partenariat entre l’Organisation internationale du Travail et la Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale, est un programme qui vise à améliorer les conditions de travail et la productivité dans l’industrie du textile et de l’habillement dans les économies en développement. Le Bangladesh, avec ses quatre millions d’employés du textile, était un objectif évident.
L’un des éléments essentiels du programme est la création de comités employés/direction représentatifs qu’on appelle Comités de participation (CP) au Bangladesh:
«Les CP sont le principal instrument qui permette d’introduire des changements durables dans l’entreprise», explique Louis Vanegas, Directeur de Better Work Bangladesh. «C’est par ce biais que nous permettons aux travailleurs de connaître leurs droits et de s’exprimer directement sur les questions qui comptent pour eux. Comme les CP comptent aussi des représentants de la direction, nous avons ainsi créé un environnement réellement propice au dialogue social et à la paix sociale».
Cependant, dans un pays où seules 300 des 4000 usines textiles qui existent sont dotées de syndicats enregistrés, l’idée d’avoir des représentants des travailleurs librement élus, qui ont leur mot à dire dans la gestion des entreprises, se heurtait à une certaine inertie. Pour défendre sa cause, Better Work a saisi l’occasion de la modification de la législation du travail, a évalué un certain nombre d’usines qui participaient déjà au programme et établi qu’elles ne respectaient pas les nouvelles dispositions de la loi.
A partir de là, il fallait convaincre, résume M. Vanegas:
«Il n’a pas été difficile d’amener (la direction de l’usine) à admettre qu’un CP élu dans leur entreprise était obligatoire… Toutefois, les amener à se mettre d’accord sur le processus par lequel le CP allait être mis en place a été beaucoup plus difficile».
Better Work a fourni à l’usine des directives sur le déroulement de l’élection, y compris la création d’un comité électoral, et a continué de travailler en étroite collaboration avec les employés et avec la direction pour soutenir ce processus. Et en août et en septembre de cette année, les travailleurs de 12 usines textiles ont pu, pour la première fois, tenir des élections libres pour désigner leurs représentants au Comité de participation. Si le vote n’était pas obligatoire, plus de 75 pour cent des employés ont participé au scrutin.
Fort du succès de ces élections, Better Work a pour but de favoriser la représentation démocratique des travailleurs dans toutes les usines qu’il conseille dans les années à venir.