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Better Work Jordanie et les acteurs locaux demandent la création de crèches sur les lieux de travail pour aider les mères à poursuivre leur carrière dans un contexte difficile qui empêche un plus grand nombre de femmes d’intégrer le marché du travail.
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MADABA, Jordanie – Tous les matins, Suhair Shwairah et son fils d’un an et demi, Mohammad, quittent leur domicile dans les faubourgs de Madaba, une ville du centre de la Jordanie, et attendent le bus qui va les conduire à l’usine textile locale.
Tandis que l’opératrice de saisie de 26 ans se met en route pour une nouvelle journée de travail à l’usine textile Al Safi, dans le quartier de Dleilet Al Hamaideh, Mohammad se prépare à passer la journée à la crèche de l’entreprise.
En août, l’usine a ouvert une crèche dans ses murs pour les enfants de ses employés. Le projet a remporté un réel succès avec quelque 30 tout-petits qui viennent à la garderie chaque jour.
«La crèche a changé nos vies car auparavant je n’avais personne pour garder mon fils», déclare Mme Shwairah. «Maintenant, c’est très confortable. Mohammad se plaît beaucoup à la crèche où il peut voir ses amis».
L’article 72 du Code du travail jordanien stipule que toute entreprise qui emploie au moins 20 employées qui ont, à elles toutes, au moins dix enfants de moins de quatre ans doit fournir une solution de garde d’enfants sur le lieu de travail, précise Abdallah Al Jbour, Directeur de l’inspection du travail au ministère jordanien du Travail.
Mais le principal défi jusqu’à présent a été de concrétiser localement cet article de la législation nationale.
Better Work Jordanie (BWJ) – un projet conjoint de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de la Société financière internationale (SFI) – et les acteurs locaux militent pour la création de crèches d’entreprise afin d’aider les mères à poursuivre leur carrière dans un pays qui se caractérise par un taux d’emploi féminin très faible – 12,7 pour cent d’une population active d’environ 1,7 million.
Lara Ayoub, cofondatrice de l’ONG jordanienne SADAQA qui se bat pour la création de modes de garde au sein des entreprises locales, explique que l’une des raisons de l’absence des femmes sur le marché du travail était le manque de crèches sur site.
«Nous essayons donc de promouvoir un environnement accueillant pour les femmes et les familles en appliquant cet article», a-t-elle déclaré.
Les femmes représentent jusqu’à 70 pour cent de main–d’œuvre du secteur textile, rappelle Tareq Abu Qaoud, directeur du projet BWJ, ajoutant que la présence de crèches encouragerait les femmes à rejoindre un secteur professionnel plutôt qu’un autre et contribuerait aussi de manière positive à la rentabilité des entreprises et à l’économie du pays.
L’impact positif sur les performances des employés est tangible.
«La présence de la crèche me rassure», confirme Mme Shwairah. «Cela se ressent dans mon travail et je suis heureuse de pouvoir laisser mon fils entre de bonnes mains. L’effet a été tellement positif que même mes supérieurs hiérarchiques et le directeur l’ont remarqué. Avant l’ouverture de la crèche, je devais souvent m’absenter ou prendre des jours de congé parce que je n’avais nulle part où emmener mon fils».
Le PDG de l’usine, Farhan Ifram, confie que la décision d’ouvrir une crèche était liée à l’article 72 du Code du travail mais relèvait aussi de la responsabilité sociale envers les mères qui travaillent dans sa société.
«Quand BWJ a été créé en 2008, aucune entreprise du secteur textile ne disposait d’une crèche», précise M. Abu Qaoud. «En 2016, il y en a six. C’est un pas positif dans la bonne direction et une réussite pour le secteur. Mais si nous voulons nous conformer pleinement à l’article 72 du Code du travail jordanien, nous devons multiplier le nombre de crèches par quatre».